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« De la Conquête »: un film sur les méfaits de la France en Algérie

 

Quelle est la valeur historique du film de Franssou Pregnant « De la Conquête », dont fait état le média français Le Monde aujourd’hui?
Des images contemporaines d’Alger, la ville blanche, et de Paris, sont confrontées à la lecture de textes écrits par ceux qui ont opéré, de 1830 à 1848, la sanglante colonisation de l’Algérie qui a mené à la destruction d’une partie de la population, de sa culture et de sa civilisation.
Enfait, Franssou Prenant revient sur une page du roman national français bien hâtivement tournée, une période qui continue à déteindre sur les relations entre l’Algérie et la France jusqu’à aujourd’hui.

« De la Conquête »: quelle valeur historique ?

Franssou Prenant le dit texto:

« La conjonction et l’agencement d’images contemporaines de l’Algérie et de Paris, avec des textes d’acteurs multiples de la conquête de ce pays par la France à partir de 1830, devrait me permettre de rendre visible et audible, manifeste j’espère, cette conquête, qui a mené à la destruction d’une partie de la population de l’Algérie, de sa culture et de sa civilisation.
De 1830 à 1848, les dires et écrits de personnages plus ou moins illustres (et illustrés) de la France du XIXe seront confrontés à des images récentes de ces deux pays, deux mondes. »

Donc, elle vise directement les méfaits de la France en Algérie, et c’est déjà courageux de sa part de le préciser.

Les pirates sont les colonisateurs

En fait, la réthorique en vogue en 1830 était de briser l’épine des pirates qui faisaient de la Régence d’Alger un repaire de corsaires, de flibustiers et autres brigands.

Mais en réalité, les pirates étaient ceux qui sont venus piller et détruire une population de 10 millions d’habitants, éduquée et scolarisée à 100 %. Et c’est l’historien Michel Habart qui le dit dans son livre « le Parjure ».

« Un accostage célèbre : Alger La Blanche sous une lumière irradiante. Le tableau s’obscurcit avec la lecture, en off, du texte de capitulation du Dey d’Alger en 1830. De la conquête nous confronte à une page trop vite tournée du roman national français. Avec audace, Franssou Prenant rassemble une communauté de voix complices qui lisent sur un ton neutre une succession d’archives (rapports, témoignages, mémoires, considérations historiques, géographiques, urbanistiques…).

Elles rapportent les étapes de la colonisation de l’Algérie par la France entre 1830 et 1848 et dessinent le paysage idéologique d’une entreprise d’anéantissement sidérante.

Le film aurait pu s’intituler « De la destruction ». La réalisatrice bâtit ainsi un mémorial au moyen d’une opération commune à l’Histoire et au cinéma : le montage. Montage de textes : les mots de Victor Hugo, Ernest Renan, Tocqueville se mêlent à ceux de militaires, hauts dignitaires, brigadiers sans qu’il ne soit possible de distinguer les auteurs.

Montage d’images ensuite qui fait résonner dans le présent les exactions et spoliations d’hier : en contrepoint d’un récit de meurtres, le film expose le paysage désolé d’un désert ou le sourire franc et innocent d’adolescents. Aux promesses de richesses qu’offrait l’Algérie colonisée répondent des plans d’un cœur parisien opulent et haussmannien.

Nous voilà plongés dans un mouvement réflexif sur la nature de cette extraordinaire violence, soutenu par une dérive imagée dans l’Algérie contemporaine, nouée aux archives entendues par des jeux d’écarts et de rapprochements.

L’empilement des textes met à jour tout autant l’imaginaire ethnocentriste et raciste que la logique froide d’exploitation économique qui ont présidé à la colonisation de l’Algérie et leurs irréversibles conséquences, que la société algérienne subit encore aujourd’hui.

De la conquête

Titre anglais : About the Conquest
Genre : Documentaire
    Réalisé par Franssou Prenant • Écrit par Franssou Prenant
    France • 2022 • 74 minutes • Couleur et Noir & Blanc

Réalisation :Franssou Prenan

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