Bernard Lugan est un historien africaniste français, né le 10 mai 1946 à Meknès, au Maroc. Autoproclamé spécialiste de l’histoire d’Algérie et du Maghreb, il a un agenda derrière politique le dos.
Connu pour ses positions proches de l’extrême droite, il surmultiplie les apparitions vidéos sur YouTube, avec un point de fixation sur l’Algérie.
En langage professoral, il fait semblant d’être un « Monsieur-je-sais tout » en histoire de l’Afrique du nord; mais ses positions ne trompent personne: il tire à vue sur tout ce qui est Algérie, et dans le même temps, encense la colonisation de l’Afrique, « mission » civilisatrice des Européens, la France surtout.
C’est lui par exemple qui dit qu’un partie du sud algérien était dans le giron du royaume chérifien.
C’est encore lui qui affirme que la France a laissé l’Algérie meilleure que ce qu’elle est aujourd’hui, avec des voies ferrées, des hôpitaux, des écoles, des enfants scolarisés, des entreprises, un savoir-faire, une agriculture avancée et une industrie puissante.
Et c’est toujours lui qui affirme que le terme « Algériens » a été le fait de la France, qui l’a « inventé » en 1842, car auparavant n’était connu que la Régence d’Alger, avec ses dépendances ottomanes, Titteri, Constantine et Oran; et que au-delà, c’était le no man’s land.
Une histoire d’Algérie sélective
Evidemment, tout cela est faux. A l’heure du mémoriel algéro-français, cet historien contesté par ses pairs se distingue par ses partis-pris et une méthodologie de l’histoire qui n’est ni rationnelle ni sélective, ce qui lui vaut d’être moqué par les grands experts de notre temps.

Prenons un exemple qui lui est propre, puisque c’est lui qui a toujours soutenu, sans se corriger, que le terme « Algériens » a été crée par la France en 1842.
Voyons maintenant ce que dit l’histoire, la vraie, par celle des agendas politiques.
L’usage connu de l’ethnonyme Algériens remonte à 1721, dans le Dictionnaire de Trévoux. Il a été créé à partir d’Alger ou Algérie, en arabe El Djazaïr, qui désigne encore de nos jours à la fois la ville et le pays d’Afrique du Nord, le suffixe ethnique « -ien » se substitue à la finale du nom de pays.
« Algérien » est attesté par écrit en français dès 1613 et ses emplois sont constants depuis cette date, constate Guy Turbet-Delof qui ajoute : « Ainsi le témoignage de la lexicologie est indubitable. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, Algérien n’était pas synonyme d’Algérois (qui n’existait pas) et se rapportait à l’entité politique qu’était la future Algérie ».
Un document français datant de 1751 note « que le Roy de France ne se plaint nullement de la nation algérienne mais seulement du Dey comme infracteur des traités ».
Concernant la scolarisation des enfants: en 1830, 100 % des enfants algériens étaient scolarisés dans les « katatib », sorte d’écoles coraniques où étaient dispensés, outre le coran, récitation et exégèse, la grammaire, la conjugaison, le hadith, le fiqh, et plus loin dans le cursus, la rhétorique, la littérature, le calcul, la logique aristotélicienne, etc.
Lisez « le Parjure » de Michel Habart, ou « le Miroir » de Sidi Hamdane Khodja (le document date de 1832) pour vous en rendre compte.
Malheureusement, en 1962, plus de 80 % des enfants algériens étaient analphabètes.
Qui est Bernard Lugan?
Né au Maroc, dont il se sent toujours « épris », il enseigne de 1982 à 2009 à l’université de Lyon III, où il est l’objet, à plusieurs reprises, de polémiques.
Très isolé dans la communauté scientifique, Bernard Lugan est notamment controversé pour ses positions concernant le génocide des Tutsis en 1994, qu’il affirme ne pas avoir été programmé, à l’inverse du consensus sur le sujet.

En mars 2001, Bernard Lugan est promu « maître de conférences hors classe » sur le contingent de l’Université. Selon le rapport Rousso : « La décision provoque la colère des associations et même […] une pétition signée par plus de cinquante africanistes français dont certains sont assez connus. »
Ils affirment dans la pétition : « Nous nous élevons avec vigueur contre cette distinction qui est susceptible de jeter le discrédit sur l’ensemble des études africanistes en France. En effet, qu’il s’agisse de l’Afrique du Sud, du Maroc ou de l’Afrique des Grands Lacs, les travaux de Bernard Lugan ne sont pas considérés comme scientifiques par la plus grande partie de la communauté universitaire. En revanche, à travers des articles élogieux et des interviews complaisantes, parus dans Minute, Présent et National Hebdo, ces travaux ont servi de support à des thèses défendant l’apartheid en Afrique du Sud, les fondements racialistes de l’histoire africaine et faisant l’apologie de la colonisation. Nous nous élevons donc contre cette promotion et demandons aux autorités compétentes de suspendre son application. »
Ces universitaires dénoncent une « vision racialiste » de l’histoire (ses livres sur le Rwanda, le Maroc et l’Afrique du Sud sont visés).
Lors de l’élection présidentielle française de 2022, il conseille le candidat d’extrême droite Éric Zemmour sur l’Afrique.
Dans Minute, il regrette la Révolution française et loue Charles Maurras.
Selon le journaliste Rémi Carayol, cherchant à promouvoir une approche essentialiste et paternaliste des peuples d’Afrique, Bernard Lugan exerce notamment une influence non négligeable sur les officiers qui dirigent l’opération Barkhane.
Polémiste stérile et historien des faits anecdotiques
Opposé à toute forme de repentance historique, mais également critique à l’égard de l’impérialisme, Bernard Lugan considère que la colonisation n’a été qu’une parenthèse dans l’histoire du continent africain bien qu’elle ait bouleversé la vie de ses habitants.
Certains de ses collègues de Lyon-III ont mentionné son « charisme d’enseignant, son goût de la provocation » et « ses propos critiquables sans être pour autant condamnables ».
En mars 2021, son audition par la commission parlementaire sur l’opération Barkhane fait polémique.
Selon Catherine Coquery-Vidrovitch, professeur à l’université Paris-VII, Bernard Lugan « multiplie les ouvrages les plus tendancieux sur l’histoire de l’Afrique » et « vise à présenter la colonisation française comme un bienfait de l’humanité ».