Yvon Ollivier s’est nourri de son expérience professionnelle pour publier un nouvel ouvrage,
La Petite de Ferruch, dans lequel le magistrat nantais de 56 ans étudie des mondes de silence et de souffrance, celui des viols commis pendant la guerre d’Algérie et de la maltraitance des enfants.
Avec La Petite de Ferruch, votre journal en ligne, Djalia.dz, vous emmène en Algérie pendant la guerre. Mais ce décor s’efface progressivement pour laisser la place à une quête. Celle d’un homme qui cherche à comprendre d’où il vient.
À la manière d’un policier ou d’un juge, métiers qu’il connaît bien, Yvon Ollivier explore dans son nouveau roman, La petite de Ferruch (éditions Complicités), certains mécanismes humains complexes et étonnants.
Son personnage principal, Mohamed Garcia, chercheur enseignant en sociologie à l’Université de Bretagne occidentale de Brest, conduit un travail sur la torture et multiplie les entretiens avec d’anciens combattants.
La guerre d’Algérie, évidemment, on n’en parle pas
Un prétexte pour quelque chose de plus intime, à l’origine de ses tourments intérieurs. « On a du mal à penser le viol par les militaires. C’est arrivé pendant la guerre d’Algérie, évidemment. Mais on n’en parle pas.
Aucun mot dans le rapport Stora sur la colonisation », observe l’auteur, qui s’intéresse depuis longtemps au concept de déshumanisation ordinaire, « la déshumanisation que l’on ne voit plus en ce qu’elle est conforme au système de pensée », décrypte-t-il.
Si ses personnages se débattent dans le non-dit, « c’est qu’il est impossible de parler de ces choses-là », considère le magistrat nantais de 56 ans. Jamais le mot viol n’apparaît dans le roman. « C’est trop difficile pour l’ancien militaire », comme pour le fils et la mère à la relation particulière.
Autre sujet du roman : enfant maltraité, Mohamed s’invente une mère aimante. « Sinon, il ne pourrait pas survivre. Je le vois dans les affaires qui nous arrivent au tribunal. L’amour des enfants maltraités pour leurs parents est quelque chose de prégnant. »