L’Algérie, par le biais de divers mécanismes, introduits dans l’agriculture, le commerce et l’économie en général, veut atteindre sa sécurité alimentaire. Le contexte géopolitique actuelle n’incite pas à la confiance.
Auditeur international et expert en économie, Said Taflis est bien placé pour parler au micro de Djalia.dz de la nécessité pour l’Algérie d’aller rapidement vers la sécurité alimentaire.
La nouvelle politique du secteur de l’agriculture vise à augmenter la production nationale et à réduire la facture des importations, et ce, à travers notamment le développement des filières stratégiques et l’encouragement de l’investissement.
L’autosuffisance alimentaire, c’est quoi?
La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, en tout temps, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active.

Quelle sont les secteurs appelés à se développer d’avantage?
Le secteur des Industries Agro-Alimentaires (IAA) occupe la première place de l’industrie hors hydrocarbure avec environ 50% du PIB industriel, le principal employeur dans l’industrie avec 40% de postes d’emploi et engendrant 45% de la valeur ajoutée industrielle.
La productivité totale des facteurs s’améliore par la flexibilité à l’accès aux intrants, aux machines, la mise en valeur des terres par l’irrigation et l’énergie ; mais qui reste à développer de manière significative, l’introduction de semences améliorées, la mise à niveau d’exploitations agricoles, l’entrée dans le secteur agricole de nouvelles compétences et investisseurs.
Face aux besoins alimentaires de plus en plus croissants, il devient impératif de revoir le mode de fonctionnement de l’industrie en la mettant à niveau sur le plan qualitatif, volume de production, élargissement de la gamme des produits en vue de couvrir les différentes filières, régulation du marché en termes d’adéquation production / consommation et orientations des producteurs en conséquence ainsi que la mise en place des mécanismes soutenant la chaine alimentaire en termes de services associés (recherches & développement et chaine logistique appropriée au secteur et à la nature de l’aliment).
L’industrie agro-alimentaire a la double obligation de produire des aliments salubres et de bonne qualité d’une part et la couverture des besoins en consommations.

Comment optimiser les capacités nationales?
Le développement du partenariat national à travers le partnership, contribuera à coups sûr à l’optimisation de la production nationale en incluant tous les acteurs intervenant dans la chaine alimentaire tels que les agriculteurs et éleveurs, la chaine logistique et de conservation, l’industrie de la transformation, le packaging, le réseau de distribution, les laboratoires d’analyses, la médecine de travail, ce, avec un soutien rapproché des centres de recherches et de développement.
Quels sont les enjeux de l’auto-suffisance alimentaire?
– La réduction de la facture d’importation au regard des déséquilibres de la balance commerciale et l’amélioration du niveau économique national à travers le développement de secteurs divers (production primaire, l’hydraulique, la plasturgie, l’industrie mécanique pour le matériel agricole et équipements de transformations,…);
– La pérennité de la sécurité alimentaire à long terme à travers la mise sur la marché de produits sûrs et de qualité organoleptique et nutritionnelle adéquates avec les besoins ciblés et accessibles aux bourses algériennes;
– La réduction des dépenses des caisses d’assurances à travers la prévention des maladies d’origine alimentaire;
– La maitrise de la chaine alimentaire depuis la production primaire au consommateur.
Au-delà de ces aspects économiques, l’autosuffisance alimentaire revêt un aspect capital et hautement stratégique car relevant de la souveraineté nationale.

Outre l’autosuffisance et en situation d’excédents, il y a lieu d’entreprendre le développement de la vision d’export sur le moyen et long terme en engageant les actions de :
-Maitrise du produit et ses tendances sur le marché national comme préalable,
-Mises à niveaux institutionnelles relatives aux dispositions administratives et financières,
-Formation de tous les intervenants directs et indirects dans la chaine alimentaire et leur mise à niveau à l’export,
-Exploration et analyse des marchés ciblés sur le plan besoins en produits et réglementations locales applicables propres aux produits et commerciales,
-Elaboration d’un plan stratégique une feuille de route, incluant les axes prioritaires de développements sectoriels, développant un fond national d’export public – privé afin de manager les risques et les coûts ainsi qu’en vue d’assurer la promotion des produits au niveau des marchés ciblés,
-Mise en place d’un système de traçabilité et aller à moyen terme vers l’usine 4.0 en développant l’interconnexion numérique dans l’IAA.