Malgré ses succès dans la chanson et dans la comédie, Camélia Jordana, une artiste née de parents d’origine algérienne, Aliouane, a choisi « la porte étroite », celle du combat a mort contre toutes les formes de racisme en France.
Elle aurait pu, grâce à ses succès, se la couler douce et ignorer ces problèmes, mais, elle, non, elle a préféré exorcisé les démons qui dorment dans la société, bien tapis dans les non-dits et les compromissions, un racisme bête et violent, le bêtise « aux cornes de taureau », comme dirait Baudelaire.
Cette figure de la chanson française méritait une place dans notre journal, serait-ce pour mieux situer la culture algérienne dans le monde, ses représentants, ses souches, ses sources et ses prolongements.
Révélée en 2009 dans « Nouvelle Star », Camélia Jordana est revenue sur M6 le 15 février dans l’émission spéciale « Nouvelle Star, 20 ans ». La chaîne a fêté l’anniversaire du télé-crochet en réunissant les candidats emblématiques de l’émission.
Découverte à 16 ans, la chanteuse a continué à se construire, à forger ses convictions et ses opinions sous les yeux des caméras.
Camélia Jordana est une auteure-compositrice-interprète, musicienne et actrice française, née le 15 septembre 1992 à Toulon, en France.
Révélée en 2009 par l’émission Nouvelle Star de M6, où elle finit en troisième position, elle sort son premier album Camélia Jordana en 2010.
Également actrice depuis 2013, elle remporte le César du meilleur espoir féminin en 2018 pour son rôle dans Le Brio.
En 2019, lors de la 34e cérémonie des Victoires de la musique, elle remporte la récompense de l’album de musiques du monde avec son album Lost
Une origine algérienne rétablie
Aujourd’hui, à 30 ans, elle révèle son enfance et son origine algérienne.
Née à Toulon en 1992, Camélia Jordana est issue d’une famille bourgeoise d’immigrés algériens.
Camélia Jordana Aliouane naît dans une famille bourgeoise, le 15 septembre 1992 à Toulon. Petite-fille d’immigrés algériens, baignée dans cette culture, elle est la fille d’un chef d’entreprise de transport de béton et d’une thérapeute en développement personnel, chanteuse lyrique à ses heures perdues.
Sa grand-mère, aînée d’une fratrie pauvre de neuf enfants, vient vivre en France avec son mari, travaillant ensemble pour cultiver des pêches dans le Var dans les années 1950.
Camélia Jordana grandit à La Londe-les-Maures. Elle suit ses études au lycée Jean-Aicard de Hyères jusqu’en première littéraire. Elle tient son goût pour le chant de sa mère, chanteuse lyrique amatrice. Celle-ci l’inscrit à des cours de piano, qu’elle suit pendant sept ans, et de théâtre.
« J’ai grandi dans le Var dans les années 90, dans un environnement, en dehors de la maison, assez raciste. Quand j’étais petite, j’avais hyper honte de mon identité arabe, liée à l’islam. (…) Toute cette partie-là de mon identité, j’en avais hyper honte. C’est une chose que je cachais, j’avais tout le temps les cheveux lisses. Il fallait que j’aie mon fer à lisser, que je me peigne les cheveux et qu’il n’y ai rien qui dépasse ».
« Quand je parle de racisme et de sexisme, c’est parce que je les subis »
Ce racisme, elle estime l’avoir à nouveau ressenti davantage après les attentats de 2015 en France, commis par des terroristes islamistes. « Je passais devant le Bataclan tous les jours pour aller en studio, c’était anxiogène au possible cette période parisienne. Il y a eu la violence des ces événements, mais le regard que les gens ont porté sur moi en tant que personne était hyper violent ».
La voie du succès
À 16 ans, cette adolescente d’origine algérienne qu’on nomme maintenant Camélia Jordana décide de passer le casting de la septième saison de Nouvelle Star à Marseille en interprétant What a Wonderful World de Louis Armstrong. Elle séduit le jury et le public avec son look années 1970 et sa voix jazzy.
Dès le lendemain de sa diffusion sur l’iTunes Store, le premier single intitulé Non, non, non (Écouter Barbara) se classe à la troisième place des ventes.
L’album est à la première place des ventes sur iTunes Store dès le 31 mars[réf. souhaitée]. La première semaine, son album s’est écoulé à 10 169 exemplaires selon le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP) et GFK Music, ce qui le propulse à la 9e place du classement albums.
Après Non, non, non (Écouter Barbara), les titres Calamity Jane et Moi c’est ont fait l’objet de singles transmis aux stations de radios et de clips vidéo parus sur YouTube respectivement le 21 août 2010 et le 5 février 2011.
Mi-novembre 2010, soit huit mois après sa sortie, son premier album est certifié disque de platine avec plus de 110 000 exemplaires vendus.
Afin de soutenir les droits de l’enfant dans le monde, le 20 novembre 2010, l’UNICEF France s’est associée à Camélia Jordana. La chanson Non, non, non (Écouter Barbara) a été réécrite pour l’occasion et présentée sous forme de flashmobs à travers la France et d’un clip participatif.
Camélia Jordana a été nommée deux fois aux Victoires de la musique 2011 dans les catégories « Artiste révélation du public » et « Artiste révélation scène ». Elle a également été nommée aux NRJ Music Awards dans la catégorie « Révélation française de l’année » et aux Globes de cristal dans la catégorie « Meilleure interprète féminine ».
Un an après sa parution, son premier album s’est vendu à plus de 160 000 exemplaires, faisant de celui-ci une des meilleures ventes de l’année pour un artiste débutant
Camélia Jordana, jeune femme d’origine algérienne, fait ses premiers pas en tant qu’actrice en 2012 avec deux projets : tout d’abord avec un second rôle dans la comédie dramatique La Stratégie de la poussette, de Clément Michel. Puis à la télévision, elle donne la réplique à Daniel Prévost dans le téléfilm Les Mauvaises Têtes.
Combat contre le racisme
Camélia Jordana est une femme racisée exposée. Ces trois facteurs-là suffisent pour déclencher la haine, la misogynie, le cyberharcèlement et les remarques désobligeantes.
Tout au long de sa carrière, et davantage après la polémique créée malgré elle sur le plateau d' »On n’est pas couché » en mai 2020 (elle a assuré ne pas « se sentir en sécurité face à un flic en France » quand elle « a les cheveux frisés »), la chanteuse s’est heurtée à la violence.
Invitée dans le podcast « La Poudre », en octobre 2022, Camélia Jordana a affirmé recevoir « des menaces de mort, des insultes de manière virtuelle, des gens qui [la] suivent, des royalistes qui [l’] agressent dans la rue, des boycotts de certains médias… »
Le 23 mai 2020, interrogée par Philippe Besson dans l’émission On n’est pas couché, elle déclare au sujet des violences policières : « Je parle des hommes et des femmes qui vont travailler tous les matins en banlieue et qui se font massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau, c’est un fait. » Elle ajoute : « Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic, et j’en fais partie. Aujourd’hui j’ai les cheveux défrisés, quand j’ai les cheveux frisés, je ne me sens pas en sécurité face à un flic en France. Vraiment. Vraiment ».
Néanmoins, la chanteuse à expliqué être « habituée » d’une certaine manière, à être scrutée et critiquée. « Je ne vais pas dire que ce n’était pas dur, que je n’ai pas pleuré… Mais ce qui était le plus dur pour moi ce n’était pas la violence de ces propos-là. Depuis que j’ai 16 ans, les gens parlent de la taille de mon corps, de mon nez, de mes lunettes, mes fringues, mes cheveux… Ce à quoi n’importe quelle femme médiatisée a droit », a-t-elle expliqué.
Et de préciser : « Ce qui est important pour moi, c’est que la violence ne soit pas dirigée vers mon art, vers une chose que je trouve juste (…) Mais une critique sur moi en tant que femme, de gens qui ne me connaissent pas, ça ne m’atteint absolument pas. »