HomeIdentité et cultureMonique Hervo, parcours d'une amie de la Révolution algérienne

Monique Hervo, parcours d’une amie de la Révolution algérienne

 

La militante et écrivaine française, Monique Hervo, amie de la Révolution algérienne, est décédée à l’âge de 95 ans.

Naturalisée algérienne par décret présidentiel en 2018, la défunte Monique Hervo qui s’est convertie à l’Islam, est connue pour sa lutte pour les causes justes.

La militante qui a assisté à la répression et à l’assassinat d’Algériens lors des manifestations du 17 octobre 1961, a apporté, le 11 mars 1999, son témoignage contre Maurice Papon alors préfet de police de Paris, dans l’affaire l’opposant à l’historien, Jean-Luc Einaudi.

Militante engagée

L’amie de l’Algérie a décrit la souffrance des Algériens qui vivaient dans le bidonville de la Folie, à Nanterre avec Marie-Ange Charras, dans un livre intitulé « Bidonvilles: l’enlisement », publié en 1971 et « Chroniques du bidonville: Nanterre en guerre d’Algérie, 1959-1962 », éditions du Seuil, Paris, 2001.

Monique Hervo était connue pour avoir défendu en tant qu’avocate du barreau de Paris, des habitants des bidonvilles puis leurs parents militants au sein de la Fédération du Front de libération nationale (FLN) en France.

Une vie de combat
Monique, une vie de combat

A travers sa disparition, l’Algérie a perdu l’une des femmes militantes pétries des nobles valeurs humaines et principes suprêmes de libération.

La regrettée est un modèle dans son amour pour l’Algérie et son peuple à travers son soutien, avec courage, de la justesse de la cause du peuple algérien et de sa lutte pour la liberté et l’indépendance.

Témoignage de Hamchaoui: une vie de combat

Née le 5 janvier 1929, fille unique, très tôt à l’âge de 16 ans Monique Hervo est déjà engagée pour accueillir les survivants de la seconde guerre mondiale 39/45. Inscrite à l’école des beaux-arts à Paris elle découvre à la lecture d’un journal un incendie qui a fait beaucoup de victimes dans le bidonville de la Folie à Nanterre.

Elle viendra s’y installer auprès des familles algériennes en 1959 après avoir volontairement quitté son poste de travailleuse du Service Civil International à l’issue d’un congrès qui se refusait de prendre position contre la guerre d’Algérie…

Monique Hervo vécut pendant plus de dix ans dans ce bidonville, grâce à l’aide et au soutien de certains de ses anciens collègues, elle prend des notes, des photos et participe à la manifestation du 17 octobre 1961 qui se dirige vers le Pont de Neuilly, où étaient rassemblées plus de 10 000 personnes.

« J’ai vu la police tirer… »

Elle dira : « j’ai vu la police tirer sur les femmes et les enfants ». A la fin du bidonville, les familles sont dispersées dans les cités de transit et certaines loin de Nanterre.

Un nouveau département est créé, les Hauts de Seine, la préfecture est érigée en 1970, quasiment à l’emplacement du bidonville. Monique Hervo vivra un temps une vie de nomade, dans différents lieux, vivant et partageant son quotidien avec de nombreuses personnalités: François Maspéro, Jean Jacques de Félice et bien d’autres.

Elle reste très active au sein de nombreuses associations et aura fortement contribué à la création du GISTI, donné son temps aux causes humanitaires et à celles des réfugiés sera sa raison de vivre.

Elle écrit et témoigne, comme Annie Ernaux, elle dit « si je n’écris pas, si je ne témoigne pas, je n’existe pas ».

La vérité, pour l’avenir

Dès lors Monique ne cessa de puiser dans ses souvenirs et dans sa malle pour en sortir les notes qu’elle y avait engrangées durant toutes ces années. Elle ira vivre dans une caravane d’un camping loin de Paris, tant pour des raisons matérielles que pour se concentrer sur son écriture.

Elle produira une dizaine d’ouvrages : « Chroniques du Bidonville, Notes pour Mémoire, Nanterre en guerre d’Algérie, traduit en arabe par A. Dehendi etc… ».

D’autres ouvrages étaient en cours de rédaction et quasiment finis. Il y a 6 mois environ, Monique quittait le camping définitivement, elle ne supportait plus les agressions verbales et physiques, avec la dégradation de sa petite voiture, le système d’aération de sa caravane saboté jusqu’à ce qu’elle soit transportée aux urgences d’un l’hôpital des environs de Romilly sur Seine.

Les nostalgiques de l’Algérie française sont de retour, au camping on savait qu’elle venait d’obtenir la nationalité algérienne. Accueillie par des amis près de Soissons, Monique est alors coupée de ses habituelles relations humaines et sociales au quotidien, fatiguée et stressée, l’angoisse l’a saisie au corps et à l’âme.

Puis l’hôpital de Soissons, elle qui voulait revenir habiter à Nanterre, c’est dans cet hôpital qu’elle sera transférée, là où des décennies avant, elle avait accompagné des personnes malades ou blessées depuis le bidonville de la Folie.

Maintenant c’est elle que ses amis accompagnent, pour soulager ses souffrances qu’elle cachait pudiquement à leurs regards avec des sourires pleins de lumière.

Tous ces temps d’hospitalisation, elle préparait son dernier voyage sans rien dire, ses forces l’abandonnaient, elle ne pouvait plus venir en aide aux autres, elle vomissait ce monde d’inhumanité.

C’est à Nanterre qu’elle aura vécu ses dernières heures, comme un dernier symbole au lendemain de la célébration des 61 ans de la fin de la guerre d’Algérie !

Pour ma part, je n’adresserais aucun remerciement à la ville de Nanterre, alors que nous lancions des appels au secours pour lui trouver un petit logement, retrouver des familles de Nanterre, un retour qui lui aurait fait tant plaisir !

Repose en paix Monique tes amis te garderont toujours dans leurs cœurs !

Par: Hamchaoui Abdelmalek/Nanterre

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