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Rappelez-vous le 13 février 1960: « Gerboise bleue », un crime d’Etat

 

Le 13 février 1960, l’armée française réalisait son premier essai nucléaire, « Gerboise Bleue », dans le Sahara algérien 

210 essais nucléaires français ont été menés entre 1960 et 1996 par la France, dont les premiers furent réalisés au désert du Sahara.

De 1960 à 1961, il y eu quatre essais aériens à Reggane, puis, de 1961 à 1966, treize autres essais souterrains à In Ecker.

Après l’essai Gerboise bleue le 13 février 1960, la France devient la quatrième puissance nucléaire, après les États-Unis, l’Union soviétique et le Royaume-Uni, mais au détriment des populations locales, qu’elle a gravement contaminées, et au détriment également de la faune et de la flore, infectées à ce jour.

Gerboise bleue, essai criminel

Car lorsqu’une bombe de ce type explose, elle propulse des produits déficients comme le plutonium et le césium qui sont des éléments extrêmement nocifs pour l’être humain et l’environnement

Les explosions nucléaires françaises dans le sud algérien, dont « Gerboise bleue »,  constituent «un crime d’Etat prémédité» contre le peuple algérien et s’apparentent à un «génocide en différé» qui continue à faire des  victimes.

Le site des expérimentations "criminelles"
Les rares victimes encore en vie en quête de réhabilitation et de dédommagements

Le président de l’Association nationale des victimes de ces explosions nucléaires français au Sahara, Pr Amar Mansouri, déplore le fait que la France cherche à «gagner du temps» sur ce dossier.

Les explosions nucléaires françaises dans le sud algérien «sont un crime d’Etat prémédité contre un peuple sans défense et contre l’humanité, car orchestré au plus haut niveau de l’ex-puissance coloniale», a-t-il affirmé.

Des explosions qui, selon lui, ont été menées par la France «en parfaite connaissance des dangers de cette arme», qualifiant ce fait de «génocide en différé» qui continue à «faire des victimes parmi la population du sud algérien».

Ancien chercheur au Centre de recherche nucléaire d’Alger, le Professeur Mansouri a fait remarquer que la victime d’un rayonnement ionisant est très particulière, citant, à ce propos, une étude sur la génétique selon laquelle l’impact des rayons ionisants s’étale sur 22 générations.

Des effets incalculables

«En général, il s’agit de l’apparition de plusieurs pathologies comme le cancer, les malformations, les cécités, les maladies cardio-vasculaires, les surdités et la stérilité, en plus des retombées psychologiques induites par le fait de vivre dans un environnement pollué.

Des victimes des essais criminels
Touaregs algériens victimes des radiations d’essais nucléaires français près du site d’In-Ekker (en 2010).

Mansouri rappelle qu’en quittant, en 1967, le Sud algérien, en vertu des Accords d’Evian, la France «n’avait pas pris la peine d’avertir les Algériens sur les dangers nucléaires et avait pris le soin d’emporter toutes les archives liées à ce dossier».

Indemniser les victimes

«Aujourd’hui, il est du devoir de la France d’indemniser les victimes de ces explosions et leurs descendants parmi les mobilisés du programme nucléaire français, appelés à l’époque « les populations laborieuses des oasis » (PLO) et les « populations laborieuses du bas du Touat (PLBT)», a-t-il mentionné.

S’insurgeant contre la politique de «deux poids, deux mesures» pratiquée par l’ancien colonisateur, Pr Mansouri a appelé la France à reconnaitre ses crimes coloniaux et à procéder à l’indemnisation des victimes et au nettoyage total des sites infectés comme elle l’a fait en Polynésie.

Le 13 février 1960, l’armée française réalisait « Gerboise bleue », son premier essai nucléaire dans le Sahara algérien. Bien que la loi Morin de 2010 prévoie une indemnisation pour les victimes des essais nucléaires français, seul un dossier algérien a pu obtenir réparation en 10 ans. Retour sur un épisode historique qui lie le destin de deux pays.

« Gerboise bleue » demeure un crime d’Etat, un crime prémédité, qui demande réparation.

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