Depuis l’indépendance de l’Algérie, en 1962, les demandes de restitutions d’objets pillés par la puissance coloniale n’ont pas cessé d’augmenter en nombre comme en médiatisation.
S’il y a eu réellement un focus sur les objets du mémoriel, ceux de la mémoire vive et collective, c’est parce que la symbolique de la guerre est encore forte. Cependant, il y a également la nécessaire restitution de ces objets d’art, pièces de musée et vestiges archéologiques pris en Algérie par des tiers et placés en France, dans les musées ou chez les collectionneurs particuliers. Et ce dernier ensemble représente aussi un nombre insoupçonné qui se compte en centaines de milliers.
Parallèlement, la question des réparations de la dette morale et physique du colonialisme s’est engagée entre anciens colonisés et colonisateurs pour dire que le pillage devait être payé, dans ce nouveau dialogue qui consacre de nouveaux paradigmes dans les rapports nord-sud.
La restitution, un devoir du colonisateur-pilleur
On s’en souvient, à la fin de l’année 1962, à l’aube de son indépendance, l’Algérie demande à la France la restitution d’environ 300 œuvres appartenant au Musée des Beaux-Arts d’Alger au titre de l’intégrité de son patrimoine culturel.
Archéologues et experts estiment à plus de 500 000 le nombre d’objets qui ont disparu dans la nature depuis l’indépendance. Les vestiges archéologiques du Sahara étaient un musée à ciel ouvert et les touristes français et européens passaient leur séjour au sud à ramasser ces objets et à les expatrier.
Mais le pillage n’est pas uniquement le fait de contrebandiers européens, des responsables nationaux ont trempé dans ses entourloupes, et beaucoup de sites romains, à Timgad, Cherchell et Tipaza ont signalé la disparition d’objets précieux, de même qu’au Sahara, des artefacts ont disparu de tout temps, avant d’être signalés en France, en Grande-Bretagne et ailleurs.
Visites scientifiques et culturelles, mais très lucratives
La visite du chercheur Eric Van Daniken au sud algérien, vers le milieu des années 1970, où il développa sa ‘théorie des anciens astronautes », alluma toute une génération de jeunes chercheurs européens qui venaient au sud découvrir les technologies avancées des peuples anciens. Ces visites s’accompagnaient également de pillages généralisés.
Monnaies romaines, pièces archéologiques, objets d’art saharien, artefacts et autres curiosités historiques atterrissaient chez les grands antiquaires d’Europe avant d’aller garnir les plus prestigieuses maisons de ventes aux enchères du monde, Christie’s Londres et Morton & Eden, dans les ventes les plus lucratives.
La restitution d’œuvres d’art sert-elle la réparation d’un passé bafoué ? Comment des objets de patrimoine sont-ils devenus des objets de conflits ? Dans l’absolu, loin de toute valeur financière, toute restitution symbolise la reconnaissance et le repentir.